4 mois plus tôt – Nous quittions Montréal après avoir passé une nuit dans un hôtel 4 étoiles, preuve que le voyage est bien terminé. Accompagnés à l’aéroport à bord de notre Ford Windstar par Malo, breton de souche et québécois d’adoption, rencontré par hasard au Guatemala et qui a naturellement racheté notre véhicule. Quand l’Univers conspire… Avec nos 163kgs de bagages, Claude n’était pas de trop pour nous convoyer. Lise a eu ainsi la possibilité de dire au revoir à son parrain juste avant qu’il n’aborde lui aussi un grand tournant dans sa vie. Dans l’avion, nous sommes pris par un étrange sentiment. Alors qu’au début du voyage nous n’avions aucun plan de route, aucun parcours défini, c’est pourtant sur le retour, vers ce lieu que nous connaissons, que nous avons davantage l’impression de partir vers l’inconnu.
En décalage – Il n’y a pas que le changement d’horaire qui perturbe. A part le fait que certaines personnes se sont à peine rendu compte que nous étions absents, le plus étonnant a été les questions du type : « Ca s’est pas bien passé, hein ? Allez, dites le nous ! », ou encore les exclamations : « Bienvenue dans le monde réel ! ». Et nous qui pensions que notre voyage, que dis-je, notre vie, n’était pas qu’un rêve… Allez, rassurez-vous, ça a été extraordinaire. Et vous savez quoi ? Nous recommencerons. Quant au monde réel, à chacun le sien.
Flash back – Nous avions dans l’idée de parcourir des sites magnifiques et d’y rencontrer quelques personnes. Ce fut finalement un voyage de formidables rencontres agrémentées de beaux paysages. Nous avons souvent entendu : « Quelle chance vous avez ! » Ce n’est que la concrétisation d’une envie, celle de vivre en famille chaque petits instants, de profiter du moment présent et de toucher du doigt la liberté. Pour cela, nous avons vendu maison et voitures, quitté nos travails, abandonné cette pseudo sécurité qui finalement nous empêche souvent de nous réaliser et d’être libre.
Alors, pourquoi revenir ? – Premièrement, nous n’avons pas trouvé notre petit coin de paradis où nous serions restés quelques années. Et pourtant, nous avons hésité. Mais, en se posant les bonnes questions, nous ne l’avons juste pas senti à ce moment là. Rentrer, c’est en quelque sorte une solution de facilité. A tous ceux qui voyagent avec une famille plus nombreuse que la nôtre et surtout plus longtemps : chapeau bas ! Après 1 an et demi, nous étions tout simplement vidés. Peut-être que si Lise était plus âgée et Eva autonome à 120% avec le CNED, ça aurait été différent. En tout cas, nous n’imaginions pas poursuivre davantage car l’aventure a fait place à un besoin de stabilité.
Bilan – 47.000kms parcourus dont 38.000kms en VR. Aucune crevaison et seulement deux pannes minimes. Avec 120 litres d’eau en réserve nous avons réussi à tenir au mieux 6 jours sans se ravitailler. Cela fait 5l d’eau par personne, alors que la consommation moyenne d’un français est de 200 litres par jour (500l pour un américain !). Notre sentiment de richesse était à son comble quand nous étions plein en eau, gaz, essence et vide en eaux usées.
Au niveau du budget, nous avons dépensé environ 3.000€ par mois dont 500€ en essence et près de 1.000€ en assurances/billets d’avion/autres transports/hôtels et …garde du chat. Question santé, à part une dose de chikungunya au Salvador, rien à signaler. Eva et Lise sont davantage tombées malades en retournant à l’école. De l’autonomie et de la débrouillardise pour nos filles, des centaines de souvenirs – des sommets enneigés aux plages désertes – des rencontres incroyables et des amis pour la vie. Le bilan est très positif, le compte en banque un peu moins…
Et maintenant – Après un retour difficile dû a un certain syndrome du voyageur, il est temps de se poser les bonnes questions : mettre le doigt sur ce qui nous attire et nous intéresse nous révèlera vraiment. Nous pensions qu’un lieu de vie plus agréable serait l’élément moteur de notre épanouissement. Mais, un peu comme dans « l’alchimiste », nous avions emmené notre trésor avec nous. Sophie est déjà sur les rails car, une semaine après notre retour, elle a repris une formation en mémoire cellulaire complétant ainsi ce qu’elle avait commencé. Quant à moi, je suis encore sur le quai à essayer d’analyser les projets avec lesquels je suis revenu sans savoir vraiment s’ils m’appartiennent. Pas facile de se connaître, de faire ce qui est bon pour nous et d’arriver jusqu’à l’accomplissement de soi. Comme disait Spinoza, le bonheur est de réaliser sa nature profonde. La voilà notre nouvelle aventure.
Par procuration – La route, c’est comme une drogue. Quand on y a gouté, impossible de ne pas prendre une dose de temps en temps. Installés dans notre fauteuil nous continuons de suivre les blogs de ceux qui sont encore en chemin. Mais, bien au chaud dans notre confort standard retrouvé, nous savons que le véritable luxe se trouve dans le voyage qui, avec cette liberté et les imprévus qu’il nous confère, nous permet de vivre pleinement chaque instant.