A l’ouest, rien de nouveau – Nous enchainons les parcs nationaux (Mesa Verde, Canyonlands, Arches,…) et troquons notre tenu de voyageur contre celle de touriste. Le rythme s’accélère, l’énergie diminue. Ce n’est qu’une succession de beaux paysages mais qui au final ont tendance à tous se ressembler. A « Arches National Park », il y a la queue comme à l’entrée de Disneyland et sur les « trails » c’est l’autoroute, alors que nous ne sommes qu’en mai. Aux portes de « Mesa Verde NP » nous avons droit à la neige ce qui nous fait reporter au lendemain sa visite. Mais, nous ne perdons pas de temps et filons vers Durango la ville suivante. Sous un grand ciel bleu et entourés de montagnes enneigées, nous en faisons un tour rapide. Oh! un musée !!! Oh, Une boulangerie française !!! Oh, une boutique de souvenirs !!! Qu’est-ce qui nous arrive? C’est sous un orage que nous repassons de l’autre côté de la montagne où la neige nous attend.
Le touriste – Il est toujours pressé et n’a pas le temps de parler, surtout pour dire bonjour. La technique du Français est imparable : il baisse les yeux. Depuis un mois, nous avalons les kilomètres (+de 1.300kms par semaine) et les rencontres sont quasi nulles.
Le programme du touriste est établi à l’avance et il y a rarement de la place pour l’imprévu. Le parcours de l’ouest des Etats-Unis nous a été tracé à plusieurs reprises par tout ceux qui l’avaient déjà fait. Si nous l’avions organisé nous même il aurait été certainement identique, mais ce n’est pas la même chose.
Le touriste est le roi du selfie et de la photo ridicule. On le voit régulièrement en train de sauter ou de se casser la hanche en 2 au milieu d’un paysage de folie. Mais il est agile car rares sont ceux qui tombent dans le ravin.
En cas de temps gris, de pluie ou de tempête, sa journée voire son séjour sont gâchés, alors que tout le monde sait qu’il ne peut y avoir de photo réussie sans nuage.
Le touriste se prend parfois pour un voyageur. Il part à l’aventure mais oublie de se renseigner. Cela nous vaut 5h de route sur une piste à 20km/h de moyenne. A l’arrivée (3PM) on se rend compte qu’il y a un treck de 6h à travers un canyon à fort dénivelé… Lise était partante mais nous avons réussi à la raisonner.
Quand il est fatigué, le touriste se rabat sur la bouffe. A Capitol Reff National Park, nous sommes à peine sorti du véhicule sauf à « Gifford Farm House ». Dans cette épicerie à l’ancienne, nous avons gouté tous les produits locaux en restant bien au chaud.
Malgré une consommation touristique effrénée, il arrive tout de même à s’extasier devant les Pétroglyphes gravés dans la roche il y a près de 2.000 ans. Cet héritage, sorte d’écriture primaire retraçant l’histoire et la vie quotidienne des indiens, a été malheureusement de nombreuses fois souillé par des crétins qui y ont gravé leurs noms. En y regardant bien, on peut voir sur l’image ci-dessus que certaines inscriptions ne sont pas d’origine.
The Hole-in-the-Rock Expedition – A Escalante, aux portes de Bryce Canyon, nous nous arrêtons à l’ « Heritage Center » consacré à l’histoire des Mormons de l’Utah. Après s’être établis dans la vallée de Salt Lake en 1847, l’Eglise de Jésus Christ des Saints du Dernier Jour (eh oui, ça existe) décide d’étendre ses colonies au nord de la San Juan River. L’objectif, est d’établir la loi, l’ordre et la foi dans les territoires Indiens. Les seules routes possibles contournent les canyons et sont jugées trop longues. Les chefs de l’Eglise décident d’en tracer une plus directe. A l’automne 1879, un convoi de 250 personnes (hommes, femmes et enfants), part pour 6 semaines de traversée ; elle durera 6 mois. Sur 200 miles au milieu de terres hostiles, ils aménagent une route improbable surtout lorsqu’ils arrivent en plein hiver à aux abords de Glen Canyon où se situe aujourd’hui Escalante. La traversée de la rivière Colorado ne peut se faire qu’à un endroit nommé Hole-in-the-rock : une profonde crevasse qui descend à pic. Même à pied ça fout les jetons. Après avoir élargi certains passages à l’aide de dynamite, les 40 chariots descendent la piste gelée (pentes à 45%) le 26 janvier 1880. Tous s’en sont sortis sans accident grave. Au bout du chemin, l’actuelle ville de Bluff qui est fondée en avril de la même année. Et tout ça c’est grâce à Jésus Christ des Saints du… enfin bref. Un immense merci à Jerry ROUNDY qui nous a accueilli à l’Heritage Center et dont le Grand-père, pionnier Mormon, portait un prénom familier : Napoléon Bonaparte.
A refaire – …nous le referions différemment. Trop de parcs tuent les parcs. Le manque de temps et un programme trop chargé nous ont épuisés. Nous avons adoré Bryce, Dead Horse Point et Monument Valley mais cela ne veut pas dire que les autres étaient moins bien. L’état d’esprit, l’humeur et la condition physique sont autant de facteurs qui nous permettent d’apprécier ou de passer à côté de certains moments. Il est temps de retrouver notre rythme et notre vie de voyage.
Magnifiques photos. Gros bisous .
j adore la photo de Lise et Eva !
bises